Cet article a été publié sur LinkedIn le 28 octobre 2017
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Le 8 & 9 octobre dernier, a eu lieu à New York, Wisdom 2.0, une conférence sur la place de la Mindfulness (Méditation de pleine conscience) dans la société à travers l’éducation, le sport, l’entreprise, la politique.. J’y ai eu la chance de rencontrer et d’échanger avec Jon Kabat-Zinn (le Maître de la Mindfulness).
J’ai particulièrement apprécié son intervention sur l’apport de la méditation face aux challenges actuels, et cette nécessité de comprendre que le monde n’est qu’un, un ensemble où tout est interconnecté. La méditation favorise un changement de perspective, en faisant passer notre regard d’une vision duale (moi versus les autres, monde dominé par la compétition) à une unité (l’intelligence collective).
Ces idées m’ont fait penser à la physique quantique qui confirme que nous sommes tous reliés et que tout dépend de l’observateur. C’est d’ailleurs la sagesse des peuples premiers qui ont su conserver et incarner ces principes, en vivant en harmonie avec la nature et non en cherchant à la dominer. Ils ont compris que l’homme fait partie d’un ensemble dans lequel il est important d’être à sa juste place.
J’aime beaucoup l’approche chamanique qui consiste à penser que tout ce qui se passe à l’extérieur est le reflet de notre intérieur et cette confiance absolue induite que tout ce qui arrive a un sens. Le monde a longtemps été dominé par les valeurs masculines telles que la raison, la compétition, mais on assiste aujourd’hui à une mise en avant des valeurs féminines comme les émotions, la coopération, qui vont permettre d’aller vers un meilleur équilibre humain et donc environnemental.
JKZ a parlé d’un autre apport de la méditation qui me semble fondamental: l’entrainement à porter attention au moment présent, sans jugement. Cela ne signifie pas que nous n’avons pas de jugement, mais qu’étant capable d’observer nos pensées, nous prenons conscience de ces jugements et pouvons ainsi être un peu plus conscients de nos schémas mentaux et de nos conditionnements. Les neurosciences ont prouvé que 95% de notre activité cérébrale était une activité inconsciente, et comme disait Spinoza « l’homme manque de libre arbitre, il se trompe quand il se croit libre; l’homme est conscient de ses actes mais pas des émotions qui le guident. »
Daniel Goleman, connu pour avoir popularisé l’intelligence émotionnelle, a, quant à lui raconté l’origine des recherches scientifiques dont le but était de démontrer, et partager, les bienfaits de la méditation au plus grand nombre. C’est ce qui a entre autre permis de mettre en valeur la neuroplasticité du cerveau qui démontre que la méditation améliore certaines fonctions cognitives, mais cela explique aussi l’évolution de notre cerveau jusqu’à aujourd’hui avec la domination de la pensée cartésienne qui nous a coupé de notre intuition.
Je remarque le paradoxe de cette domination de notre mental (esprit cartésien) qui a besoin en permanence de preuves rationnelles (ce que j’ai bien conscience de faire aussi ;-)) D’ailleurs, JKZ a évoqué ce challenge et l’apport de l’aïkido pour nous aider à intégrer ce changement de paradigme. J’ai la chance de pratiquer cet art martial depuis un peu plus d’un an, et je suis toujours bluffée d’expérimenter ce qui semble contre intuitif (contre-mental ?). Ça m’aide à sortir de mes automatismes, à revenir à un état naturel, spontané comme un enfant, à constater que plus je suis détendue, confiante, avec une vision long terme, plus c’est simple et facile… alors que dès que je suis dans la peur, quand je mets de la résistance, j’ai une vision court terme, étroite, les choses se bloquent et même donnent un support à l’autre.
Comme je travaille en finance et étant donné l’importance de données cartésiennes, je ne peux m’empêcher de m’appuyer sur un texte écrit par l’économiste John Maynard Keynes en 1930 « lettre à nos petits enfants » dans laquelle il se projette 100 ans après. Selon lui, après une période où le capitalisme aura dominé, avec des fausses valeurs associées à l’argent et à l’individualité, nous verrons émerger des vraies valeurs avec un état d’esprit plus collectif, et où l’un des enjeux sera d’arrêter de se projeter dans le futur, et enfin savoir vivre l’instant présent. Dans la préface aux Essais de Persuasion, il dit « le jour n’est pas éloigné où le problème économique se tiendra à sa vraie place, sur la banquette arrière, et où notre coeur et notre esprit seront occupés – ou plutôt réoccupés- par nos vrais problèmes, ceux de la vie et des relations entre les hommes, ceux des créations de l’esprit, ceux des religions. »
Cette pensée m’évoque la phrase d’André Malraux qui aurait dit le 21e siècle sera spirituel ou ne sera pas. J’ai cette intime conviction que tout ce qui arrive a un sens et pour toutes ces raisons, je crois que le 21e siècle est en train de vivre ce tournant nécessaire.